N° 386
Le courage n’est pas le contraire de la peur :
c’est la capacité d’agir malgré la peur et face à l’adversité.
Vikas SWARUP (Pour quelques milliards et une roupie)
- Stage de lecture labiale par l’ARDDS à Besançon
- Anne-Sarah KERTUDO, le droit au service des Sourds
- La maison de la justice et du droit à Lyon
- Les journées du patrimoine (visite du Vieux-Lyon)
- En bref
- Les prochaines réunions (modification importante)
Rester à l’écoute de la Lecture Labiale ! Stage ARDDS à Besançon
Comme chaque année en août, l’association ARDDS de Paris organise un stage de deux semaines de lecture labiale, dans une nouvelle ville, afin d’initier ou perfectionner les personnes désirant y participer.
Une occasion pour moi de pouvoir m’y rendre pour la première fois, la dernière semaine d’août à Besançon, une très belle ville chargée d’histoire !
Nous étions une soixantaine, répartis en 6 groupes. Avec un réel enthousiasme, j’ai pu apprécier, dans mon groupe de perfectionnement, le professionnalisme dynamique de notre orthophoniste.
Avec des cours le matin et des visites, programmées ou non l’après-midi, cette semaine de stage m’a apporté un réel bienfait, aussi bien pour évoluer dans notre savoir que pour profiter d’une ambiance ludique, laissant ainsi d’excellents souvenirs.
Suzette Mallein
Anne-Sarah KERTUDO – Le droit au service des sourds
Née il y a 38 ans avec une forme rare de myopie, devenue sourde à son entrée au collège, victime de discrimination de la part de ses condisciples du fait de ses handicaps, Anne-Sarah Kertudo est devenue juriste, spécialisée dans l’accès au droit pour les sourds.
Elle a raconté son expérience dans son livre « Est-ce qu’on entend la mer à Paris ? » paru aux éditions de l’Harmattan.
Elle s’est lancée dans la vie professionnelle au sein de l’association Droits d’urgence avec un projet bien précis : faire du conseil juridique en langue des signes. D’emblée, les besoins se sont révélés criants : un fossé quasi infranchissable séparait la Justice et les sourds. Elle était pour eux un monde froid et inhumain, tant ses acteurs méconnaissaient la spécificité de leur handicap.
Trop souvent, les magistrats, greffiers, avocats, etc., déjà imbus de leur supériorité vis-à-vis du commun des mortels, se révélaient impitoyables à l’égard de ces sourds dont l’incapacité à communiquer ne leur inspirait que mépris.
Anne-Sarah a ouvert après bien des péripéties un bureau d’Aide juridictionnelle pour les sourds. À partir de là elle a vu défiler des personnes dont la plupart se trouvaient dans des situations souvent inextricables et parfois dramatiques. La compréhension du récit de leurs malheurs et de leurs difficultés relevait parfois du parcours du combattant tant étaient grandes leurs difficultés à s’exprimer.
Dans bien des cas la surdité ramène ceux qui en sont atteints au degré zéro de la communication, mais les clients d’Anne-Sarah semblaient cumuler toutes les difficultés dans ce domaine.
Imaginons une jeune femme de vingt et un ans, née sourde, dont le père est parti et dont la mère a géré comme elle a pu la surdité de sa fille et n’avait pas pris la peine d’apprendre elle-même la langue des signes. Elles ne pouvaient donc communiquer. En plus la fille ne sait pas lire…
Elle a eu une petite fille avec un compagnon entendant qui s’est attaché à l’enfant. Entre eux deux ça n’a jamais vraiment marché. C’est lui qui assumait totalement l’enfant, s’en occupait sur tous les plans, médical, administratif… La mère n’arrivait pas à se faire une place dans la vie de la petite. Un beau jour elle arrive, totalement démolie et en larmes, dans le bureau de l’Aide juridictionnelle en brandissant un document auquel elle ne comprend rien. Il s’agit d’une ordonnance d’un juge aux affaires familiales, saisi par le père et statuant sur la situation de sa fille de deux ans. Il prend acte que la mère renonce à l’autorité parentale, au droit de garde et ne souhaite pas de droit de visite et d’hébergement…
Le livre abonde de tels exemples, parfois poignants, parfois drolatiques, mais témoignages le plus souvent des difficultés des sourds à mener leur vie dans ce monde d’entendants qui les dépasse et leur est hostile. La prise en charge de ces situations par Anne-Sarah Kertudo se révèle fréquemment un véritable casse-tête et elles l’obligent parfois à trouver des solutions inédites comme de convoquer la presse pour un procès aux prud’hommes où une personne sourde voulait plaider elle-même sa cause avec l’aide d’un interprète en LSF : les juges étaient outragés de voir la personne signer et refusaient de se prêter à ce qu’ils considéraient comme une sinistre comédie !
Aujourd’hui, grâce aux Maisons de la Justice et du Droit, dont l’une vient d’ouvrir à Lyon, la France rend enfin la Justice accessible aux sourds et malentendants. Dans l’article qui suit, vous trouverez les renseignements qui vous seront utiles pour vous approprier ce nouvel outil que nous avons à notre disposition.
JM Plissonnier
Maison de la Justice et du Droit de Lyon
Les maisons de la Justice et du Droit assurent une présence judiciaire de proximité et contribuent à l’aide aux victimes, à l’accès aux droits. Elles sont le lieu privilégié de la conciliation et de la médiation, un guichet gratuit d’information aux démarches juridiques, confidentiel et anonyme.
La Maison de la Justice et du Droit de Lyon-Nord propose un accès au droit en direction du public sourd et malentendant. Une juriste, formée à la langue des signes (4 années de formation) recevra, sans rendez-vous, pour informer et répondre à toutes questions touchant le droit dans les différents domaines. Les prestations sont gratuites et confidentielles.
De plus, cette juriste pourra proposer un rendez-vous avec un avocat, un délégué du Médiateur de la République ou une association d’aide aux victimes.
Il est possible également de poser toutes questions en droit par messagerie électronique à l’adresse suivante : mjd.lyon@mairie-lyon.fr
Maison de Justice et du Droit de Lyon-nord :
1, rue du chapeau rouge, 69009 LYON (Métro D – Station Valmy)
Contact : 04.72.85.67.90 sans rendez-vous
Mail : sylvie.canu@mairie-lyon.fr
Horaires : du lundi au jeudi de 9h à 12h30 et de 13h à 17h, le vendredi de 9h30 à 12h30.
JOURNÉE DU PATRIMOINE À L’ALDSM
Samedi 19 septembre, pour les journées du Patrimoine, l’ALDSM a bénéficié d’une visite guidée du Vieux Lyon organisée par Renaissance Vieux Lyon en collaboration étroite avec le CARPA, qui avait informé un guide sur les précautions que nécessitaient nos besoins spécifiques, en lecture labiale notamment. L’ACAL, représentée par deux personnes (trois au départ), ainsi que leurs deux interprètes en LSF, complétait notre groupe. Nous étions donc 10 avec Françoise, M. NAVECTH, Véronique, Rachel et moi, ce qui constituait un nombre idéal pour un groupe de malentendants, afin de permettre à chacun de mieux suivre la visite.
Ceux qui ne sont pas venus parce que pour eux le Vieux Lyon était déjà archi-connu devraient s’en mordre les doigts. Ils auraient encore appris des choses, de ces petits riens que l’on ne trouve pas forcément dans les livres d’histoire et qui faisaient le quotidien de gens qui ont vécu des siècles avant nous. Des choses qui font que, tout d’un coup, ces gens se retrouvaient si proches de nous à cause de détails similaires à ce que nous vivons aujourd’hui, ou, au contraire, en butte à des tracas que nous ne subissons plus car ils ont été réglés depuis longtemps.
La visite a commencé par la cathédrale St-Jean. Tout d’abord une leçon d’étymologie : pourquoi cathédrale ? Car ce mot vient du latin cathedra, la chaire, où siège l’évêque du diocèse.
Sur la façade de St-Jean, nous découvrons un ensemble de vignettes, sur lesquelles sont sculptées des scènes, animaux ou personnages, qui forment ce qui ressemble à une bande dessinée. L’artiste a sculpté entre autres une tête de lion qui tire la langue ! Pourquoi ? La raison s’en est perdue dans le fleuve de l’histoire.
Après une inspection des ruines de l’église Sainte-Croix derrière la cathédrale, une des premières églises de la chrétienté, qui ne faisait pas plus de 10 mètres de haut, nous passons par la non moins petite rue Sainte-Croix qui ne doit pas faire beaucoup plus de 2 mètres de large (pensez à apporter votre mètre-ruban pour vérifier). Le guide attire notre attention sur la présence de bornes disposées à intervalles réguliers le long des murs dépourvus de trottoirs. Ces bornes ne servaient à rien moins que protéger les passants des roues des charrettes ! En effet, à cette époque, les gens étaient le plus souvent maigres et ils pouvaient donc s’abriter derrière les bornes pour ne pas être emportés et écrasés ! Mais alors, quid des gens un peu enveloppés ? L’histoire semble avoir jeté un voile pudique sur ce détail.
Une visite du Vieux Lyon ne saurait se concevoir sans un passage par les traboules, ce que nous avons fait. Nous avons eu droit à un cours d’aménagement de l’espace disponible, ou comment disposer 16 appartements dans plusieurs immeubles desservis par 2 escaliers et reliés entre eux par des galeries extérieures dans les étages. Nous sommes passés par celle où se trouve la Tour Rose. Rose car telle est sa couleur. Mais en plus elle aurait été le théâtre d’un fait divers prodigieux, l’histoire vraie de Roméo et Juliette. Ils s’appelaient vraiment ainsi par leurs prénoms et Juliette est
morte en se défenestrant du haut de cette fameuse tour car on voulait la marier d’autorité à quelqu’un qui n’était pas l’élu de son cœur ! Shakespeare s’est contenté de (hum) lire les journaux pour écrire sa pièce devenue un best-seller mondial.
Mais pourquoi transposer l’histoire en Italie ? Lyon n’était pas assez bien à ses yeux pour qu’il lui préfère Vérone ? Que voulez-vous, les caprices de l’histoire…
JM Plissonnier
En Bref
– Si vous êtes intéressés par le cinéma, n’oubliez pas de consulter régulièrement le site « cinest.fr » pour vous tenir au courant des séances des derniers films français sous-titrés à l’usage des sourds et malentendants. Il est important de soutenir ce mouvement destiné à mettre le cinéma français à notre portée.
Du 12 au 18 octobre a lieu à Lyon le festival Lumière. Tous les films étrangers sont sous-titrés. Pour connaitre le programme, consultez le site : http://www.festival-lumiere.org/
– Pour visiter un musée, « activez » votre carte d’invalidité pour profiter de la gratuité ou d’une ristourne souvent conséquente. Attention, les fondations privées, n’offrent pas toujours cet avantage.
Le projet « Handiphone » vient de remporter un beau prix aux Trophées de l’innovation régionaux, organisés par AG2R. Bravo à Maxime qui va pouvoir avancer dans ses recherches. A suivre…
Nos prochaines réunions
Nos prévisions ont été un peu modifiées. Merci de nous en excuser.
– Le samedi 17 octobre, la Maison des Canuts de Lyon nous accueillera à 14h30, pour une visite adaptée d’une heure. Notre guide nous fera découvrir l’histoire de la soierie lyonnaise (invention de Jacquard, apport social des canuts…).
Nous vous donnons rendez-vous à 14h15, à l’adresse suivante :
Maison des canuts, 10-12 rue d’Ivry, 69004 Lyon
TCL : arrêt Croix-Rousse, bus 2, 33, 45, C13, Métro C, puis cinq minutes de marche
Tarif : 6 € par personne.
– Le samedi 21 novembre, nous accueillerons Madame Laeticia LEFILS, psychologue et Madame le Dr Aurore JUAN, psychiatre, pour leur intervention sur la santé psychique des malentendants. Ces deux personnes sont les responsables du CMP, Centre Médico Psychologique récemment ouvert à Vaise, 51 ter rue de Saint Cyr, 69009 Lyon (métro D gare de Vaise) pour l’accueil des personnes sourdes et malentendantes. Sachez aussi qu’elles organisent une journée Portes Ouvertes au CMP, le jeudi 15 octobre, de 10h à 18h30.
Mais, ATTENTION ! Notre local habituel étant indisponible ce jour-là, nous nous installerons
dès 14h,dans une salle de la Mairie du 8ème arrondissement, 12 avenue Jean Mermoz.
TCL : Tramway T2, bus C15, C23 et 26, arrêts Bachut-Mairie du 8ème (ou Maryse Bastié)
Prochaines réunions
les samedis suivants :
17 octobre : maison des Canuts (voir ci-dessus)
21 novembre à14h30 à la mairie du 8ème arrondissement : intervention sur la santé psychique (voir ci-dessus)
19 décmbre à partir de 12h au local : repas de noël suivi d’un film
16 janvier à 14h30 au local : intervention de M Peyrol sur la MDPH
20 février à 14h30 au local : assemblée générale
Prochaines permanences des lundis de 14h à 16h :
2 novembre 2015
7 décembre 2015
4 janvier 2016