Une ouie très fine sur Arte

Une émission intitulée « les mécanismes de l’audition, une ouïe très fine », a récemment fait l’objet d’une diffusion sur Arte. Ce documentaire assez complet, que l’on peut revoir jusqu’au 4 octobre sur le site de la chaîne*, a le mérite de souligner l’importance de cet organe sensoriel, de sensibiliser le public sur les conséquences de son altération et de faire le point sur l’avancée des travaux au niveau de la recherche scientifique.

Tout commence par une musique douce. Charles McKenna, scientifique de renom aux États-Unis, est interviewé sur les hauteurs d’une très grande ville. D’après lui, bon nombre des habitants de cette agglomération risquent de perdre 50% de leur capacité auditive bien avant la vieillesse. En effet, depuis 150 ans environ, l’exposition au bruit ne fait que croître et la perte de l’audition est aujourd’hui un problème grave qui concerne une population de plus en plus nombreuse. On a le sentiment d’une vraie prise de conscience des instances face aux chiffres annoncés par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) : 450 millions de déficients auditifs dont 34 millions d’enfants). Ces données sont à l’origine de l’accélération de la recherche.

Le documentaire est dense et les informations variées. On nous informe, à travers une exposition au musée d’histoire naturelle de Bâle, sur le fonctionnement de l’oreille que nous connaissons bien, nous, malentendants. Plusieurs témoignages viennent illustrer le sujet dont celui de Didier Roche (1), entrepreneur non voyant, qui se révèle être un moment fort de l’émission. Également celui du musicien Wolfgang Schrodl (2) souffrant d’acouphènes depuis l’âge de 14 ans suite à un traumatisme sonore. A cet instant est souligné le rôle primordial du cerveau dans le fonctionnement de l‘oreille.

Il faut préciser que la musique est très présente dans cette émission. En tant que source de plaisir, elle s’avère être par contre l’une des principales causes des troubles de l’audition. Deux jeunes étudiants de la fondation « Save Your Earing » œuvrent afin de sensibiliser les jeunes et encourager l’utilisation de bouchons filtrants lors de concerts ou de situations bruyantes.

Il est clairement dit que le plaisir de la musique est difficile à apprécier par le biais des prothèses auditives et des implants actuels. L’un des buts de la recherche est aussi de remédier à cela.
L’implant cochléaire optogénétique, utilisant des procédés optiques, est en cours d’étude à l’université de Göttingen, réputée pour ses travaux sur l’audition, Il devrait offrir une bien meilleure résolution grâce à l’écoute par la lumière. Ce procédé révolutionnaire nécessite cependant une manipulation génétique permettant de transmettre directement aux neurones l’information sonore, contournant ainsi les cellules et les synapses (3) endommagées. Une véritable innovation pour laquelle il nous faudra cependant patienter quelques années.

A Göttingen, on étudie également la restauration des synapses par le biais de l’otoferline, une protéine qui joue un rôle essentiel dans la transmission des sons, et dont l’absence est à l’origine de certains types de surdité. Pour ces cas-là, la stimulation de l’otoferline permettrait de se passer de prothèses ou d’implants.

En Californie enfin, une équipe de chercheurs, dont le professeur Charles McKenna, a découvert le moyen de fixer directement dans la cochlée un médicament permettant de régénérer les synapses. Jusqu’à maintenant, ce médicament existait mais on ne parvenait pas à le stabiliser dans le milieu liquide de la cochlée. Cela pourrait être un grand espoir pour les malentendants.

Les avancées scientifiques sont donc prometteuses, même si elles sont fortement liées au progrès de la modification génétique et la prise de conscience concernant les répercussions du handicap auditif dans le domaine de la communication, du bien-être et donc de la santé est un point positif et encourageant !

(1) Didier Roche, entrepreneur non voyant, créateur du restaurant « dans le noir » à Paris

(2) Wolfgang Schrodl du groupe « liquid » et leur tube « narcotics » : « La vie change du tout au tout quand on a des problèmes d’audition »

(3) font le lien entre les cellules ciliées de la cochlée et les neurones

 

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