Enfin un film sur la malentendance. Et de surcroit un film grand public, avec Sandrine Kiberlain et Pascal Elbé, Emmanuelle Devos et j’en passe…
Une comédie romantique plutôt agréable à regarder, avec cependant quelques clichés pas toujours facile à encaisser, tel le cours de lecture labiale où l’on fait une fois de plus l’amalgame entre sourds signants ( ici limite « débiles »), et malentendants. Mais il faut bien faire rire le public. Il adore ça !
Lorsqu’on est concerné par le sujet de la perte auditive, on ne peut que se retrouver dans le parcours d’Antoine, alias Pascal Elbé, qui passe de l’isolement et du repli sur soi à la lente et difficile acceptation du handicap. Les moments de découragement, la difficulté à communiquer face à l’incompréhension des autres qui se transforme parfois en agressivité, on connait cela !
Également les séances chez l’audioprothésiste où, seul dans la cabine, on répète des mots simples tel un enfant qui peine à comprendre ce qu’on lui dit. Les bruits de la vie quotidienne qui prennent trop d’importance. Les ambiances bruyantes où l’on comprend tout de travers. Les moments de vacarme où l’on est tenté d’arracher ses aides auditives afin de retrouver le calme. Tout cela fait écho en nous.
Mais la particularité du film est de donner au spectateur l’occasion de s’immiscer dans la peau d’Antoine, en adoptant son handicap : la bande son fait que le public entend comme Antoine, avec les mots distordus, les sons trop forts, le brouhaha insupportable, etc. Cela va lui permettre ainsi de mieux comprendre les réactions parfois disproportionnées d’Antoine. Un exemple : lorsqu’il met ses prothèses auditives, le bruit augmente pour tout le monde, de même qu’il s’assourdit lorsqu’il les enlève. Lorsque la collègue mange des chips, le bruit de la mastication emplit la salle et les chips croustillent pour tout le monde.
Le but de ce film ? Offrir aux malentendants une histoire un peu semblable à la leur. Peut-être inciter certains à se faire appareiller…
Et, avant tout, mettre au grand jour la souffrance occasionnée par la perte auditive et la difficulté d’en parler. Comme le dit Antoine, les aides auditives, ce n’est pas « glamour » et cela le touche au plus profond de sa virilité.
Le top de la séance a été pour moi lié au personnel de l’Astoria. En effet et à ma grande surprise, on m’a apporté dans la salle une boucle magnétique individuelle prête à être utilisée, en me précisant que la BIM de la salle ne fonctionnait pas (j’avais auparavant demandé à l’accueil si la salle était munie d’une boucle magnétique). La personne a même pris le soin de baisser son masque avant de me parler. Une super attention que j’ai beaucoup appréciée !
Laurence