Témoignages à trois voix sur la sortie de St Georges
Sur la proposition de Pascal, nous avons fait précéder la visite guidée du Quartier Saint-Georges par Eloïse de « Lyon Insolite » d’un repas dans un bouchon lyonnais à deux pas du musée Gadagne, et suivre celle-ci par un verre dans un bar du quartier Saint-Georges. Un très bon moment de convivialité, au final, que trois participants nous racontent chacun à sa façon.
Pascal :
Quelle idée, de faire ça un week-end de mai , à l’arrivée du printemps ! NON MAIS !
Mais pas d’inquiétude, je commence par les petits moins pour m’en débarrasser, et n’en retenir que le positif.
C’est vrai que les routes étaient plus qu’encombrées, et j’en ai fait largement les frais, moi qui venait d’un peu plus loin que d’autres. Donc arrivée en retard, stress etc, un comble pour moi, qui avais soufflé l’idée de ces retrouvailles au restaurant en préambule ! Et bien sûr, un tel week-end, les TGV sont tous complets.
Passons… Il n’y a pas que les routes d’ailleurs, les rues d’un quartier réputé calme, étaient aussi très animées, de pétarades en klaxons, de musique de rue en carillon de mariage ! Mais qu’importe, Isabelle avait tout bien prévu, des BIM portatives, pour entendre notre guide directement dans le creux de l’oreille, et c’était un ravissement. Ayant perdu en route mon équipement personnel, j’ai été bien heureux de retrouver et d’essayer ce matériel. Personnellement, ma position T étant réglée à 50/50 (externe et BIM), c’était un peu juste, je ferai régler mes processeurs la prochaine fois, sur une seconde position T à 80/20 si possible, voire 100%. Voilà pour la technique.
Reste la visite en elle même, animée par Eloïse…, formidable guide inspirée. L’histoire, comme la description des lieux, furent un régal à entendre, aussi bien par son érudition que par son humour un brin caustique. Et tout à l’avenant, le rythme, le sens du placement pour la lecture labiale, la prise en compte de l’environnement en général, et une élocution parfaite auditive et visuelle.
Ne soyons pas dithyrambique que pour la guide, l’organisation en amont et pendant la journée a été parfaitement maîtrisée par Isabelle, gestionnaire du groupe et aux petits soins pour chacun d’entre nous.
Alors quand et où recommence -t-on?
Merci, pour tout.
Pascale :
Samedi 29 avril, nous avons visité le quartier St Georges.
Après un repas convivial pour certains, le groupe au complet, s’est retrouvé Place St Jean.
Notre charmante guide, Eloïse, nous a d’abord expliqué que le quartier St Georges était peu touristique, assez tranquille, mais il nous a réservé de belles surprises et interrogations.
Pour commencer, quels sont les points communs entre une brèche, un éléphant, un arracheur de dents, des épies et le quartier St Georges? C’est ce que nous avons découvert.
Nous nous sommes d’abord dirigés vers la rue Tramassac en passant par la rue de la Brèche, Mais pourquoi un tel nom ? Cette rue n’en est pas vraiment une, elle porte ce nom en souvenir de la Brèche que les soldats du baron des Adrets creusèrent dans les remparts du cloître de Saint Jean pour accéder à la cathédrale en 1562. On peut encore voir un petit vestige des remparts.
Ensuite, nous avons admiré l’église St Georges et avons cherché un éléphant, oui, oui, dans le vieux Lyon ! En levant très haut notre regard, nous avons pu découvrir une gargouille bien originale, elle a la forme d’un éléphant.
Continuant notre promenade, nous nous sommes arrêtés devant le musée de Guignol (désormais fermé). Là, nous apprenions que Laurent Mourguet, son créateur, était arracheur de dents, comme ses confrères, il promettait que l’opération serait indolore, il vendait également des remèdes « miraculeux », d’où l’expression bien connue « menteur comme un arracheur de dents ». Afin d’attirer sa clientèle, il créa un spectacle de marionnettes. Suite au succès remporté par Guignol, il devint marionnettiste professionnel dès 1804 et monta un premier théâtre rudimentaire.
Repartis d’un bon pas, nous avons fait une halte au pied de la montée des Epies. Elle a été tracée par Claude Le Viste en 1535 pour desservir des vignes qui lui appartenaient. Le nom viendrait de la surface du terrain, trois “pies”, (unités de surface de l’époque). Mais alors, pourquoi « Montée des Epies » ?…Il s’agirait sans doute d’une déformation, la Montée des 3 pies, serait devenue Montée des Epies lors d’une inversion du chiffre 3, qui aurait été transformé en E.
Nous avons également eu le plaisir de découvrir 2 traboules, dont l’une était un véritable havre de paix, il suffisait de monter quelques marches pour se retrouver dans un joli petit jardin très calme.
Ce quartier aurait pu disparaître, en effet Louis Pradel, maire de Lyon de 1957 à 1976, (surnommé Zizi Béton pour son goût pour les grands travaux) a consacré l’essentiel de ses trois mandats à moderniser la ville. Désormais, inscrit au patrimoine de l’UNESCO avec d’autres quartiers de LYON, ce lieu est protégé et donc, préservé.
Voilà quelques moments de notre visite, ce que je retiens, c’est la clarté du propos de notre guide et son humour. Elle a su capter notre attention, et nous a donné envie de renouveler cette belle expérience chaque fois qu’elle faisait allusion à d’autres quartiers de Lyon.
Merci à Isabelle et Valérie pour l’organisation de cette journée.
A noter : Eloïse avait écrit en gros caractères tous les noms et expressions sur des feuilles qu’elle nous présentait au fur et à mesure, cela a été également fort utile.
Jean-Maurice :
Guillotière, Part-Dieu, Montchat, États-Unis… Il y en a des quartiers à Lyon. On en a visité un, ça nous a pris un après-midi et on en a appris de belles.
Saint-Georges. Vous ne connaissez pas ? Bon, d’accord, vous avez des excuses car celui d’à côté, c’est Saint-Jean qu’une bonne moitié de la planète doit connaître. Et on l’a déjà arpenté en tous sens, alors il était temps de passer à autre chose. Donc Saint-Georges manquait à notre répertoire.
Quand on visite Saint-Jean on est abasourdi. Que de monde, que de bruit, quelle cohue… Alors on pensait trouver un peu de calme à Saint-Georges, mais tout un cuchon* de monde a pensé comme nous et nous avons failli croire que Saint-Jean avait colonisé Saint-Georges ! Pas grave, on avait quand même l’ambiance.
Nous nous sommes donné rendez-vous sur la place Saint-Jean devant la cathédrale. Il y avait une chose à voir à cet endroit, sur le haut de la place, que nous avons rejoint par la rue de la Brèche. C’était un pan du mur d’enceinte de Lyon, datant du Moyen Âge, qui avait été percé à cet endroit-là. Ce morceau de mur — par quel miracle ? — est resté dans l’état où pouvait le voir le gamin qui a appuyé son front dessus pour jouer à « un, deux, trois, soleil ! ». Je me suis surpris à chercher le gamin en question et un frisson m’a parcouru l’échine à l’idée qu’il était encore dans le coin…
De cet endroit, nous pouvions voir la façade de la cathédrale et on nous a fait remarquer que les niches qui l’ornaient avaient été purgées des statues de saints qui les peuplaient, lors des guerres de religion. Sauf une. Tout en haut de la façade. Cette figure-là, les iconoclastes n’ont pas osé y toucher… Quand on voit de qui il s’agit, on croit comprendre.
Le nom de la rue de la Brèche, nous savons maintenant d’où il vient. Et Éloïse, notre guide, nous a signalé le fait que beaucoup de rues avaient été baptisées autrefois de noms insolites. Or, ces noms nous auraient raconté l’histoire de la ville rien qu’en nous y promenant. Au fil du temps on leur a assigné des noms de personnages. Ce qui est dommage car ces personnages étaient, certes, fort méritants, mais on ignore souvent, maintenant, qui ils étaient et ce qu’ils avaient fait pour mériter cette distinction.
Sur ce, nous arrivons sur une place d’où part « L’autoroute du Soleil » parce que à cet endroit se trouve la maison du soleil : sa façade est ornée d’un soleil et a appartenu autrefois à un Monsieur Soleil. Plus prosaïquement la rue permettait de quitter le Lyon d’alors en direction du sud.
Un peu plus loin, se trouve l’église Saint-Georges, de construction plus récente que la cathédrale Saint-Jean.
Nous sommes toujours à Lyon et sur les rives de la Saône, donc les incontournables et indispensables traboules sont là, qui permettaient aux lyonnais, après avoir traversé les immeubles, de débouler sur la rivière. Nous en avons visité une, ou plutôt deux, dans la rue Saint-Georges. Entrés par l’une, nous sommes ressortis par l’autre, cinquante mètres en arrière. Idéal pour échapper à un éventuel poursuivant en débouchant dans son dos.
À cet endroit se trouve la rue du Vieil renversé. Ce n’est pas parce qu’un vieillard s’y est fait renverser accidentellement, mais on a ajouté un i au mot viel de l’ancien nom. L’explication du mystère vient du fait qu’à l’origine se trouvait là une échoppe arborant une enseigne représentant un viel, ancien violon, qui avait été renversée. Quand on vous dit que les anciens noms avaient un petit côté poétique ! On ne sait donc plus les apprécier ? Et quand celui qui nous raconte ça est allé y voir, il a vu un vieillard se faire renverser par une camionnette. Il avait le visage en sang. Comme quoi…
Nous nous sommes trouvés un peu à court de temps. Éloïse devait aller prendre en charge un autre groupe. Elle a pu encore nous raconter les vestiges de deux murs d’enceinte différents à l’autre bout de la ville, matérialisant son agrandissement.
D’une enceinte l’autre, que d’Histoire.
Les lyonnais n’en finissaient pas de se protéger du monde extérieur.
* cuchon : en parler lyonnais, signifie : un tas, un amoncellement