Visite au Musée Gadagne

Ce samedi 15 octobre, nous avons visité le musée Gadagne. Nous avons été accueillis par Stéphanie qui nous a délivré une conférence intéressante et instructive avec une diction qui nous a permis de bien la comprendre et une passion communicative.

Musée situé dans le Vieux Lyon dont il est le plus grand édifice, son nom vient de celui des Guadagni, riche famille florentine de la Renaissance, qui l’a racheté à une autre famille, florentine également, les Pietraviva. C’est cette dernière famille qui avait fait reconstruire entièrement l’édifice. Mais, injustement, son nom n’est pas passé à la postérité. Ce musée est dédié à l’histoire de Lyon — et il y a déjà de quoi y passer quelques heures — mais aussi à celle des arts de la marionnette.

L’histoire et l’architecture de cette ville lui ont valu d’être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, tout au moins en ce qui concerne le Vieux Lyon, le cœur de la presqu’île, Fourvière et les pentes de la Croix-Rousse.

Des hommes se sont installés à cet endroit il y a plus de deux mille ans, à l’époque celte. Puis les romains ont fondé ici leur capitale des trois gaules au 1er siècle avant JC.

Nous avons appris une quantité de choses remarquables.

Des mots tout ce qu’il y a de plus banals, faisant partie de notre quotidien, s’éclairent tout d’un coup d’une lumière particulière.

Vous déplacez souvent le centre de votre ville, vous ? Eh bien Lyon l’a fait. Plusieurs fois. C’est ça, Lyon. Remontons le temps en parcourant la ville d’est en ouest. Le centre-ville a d’abord été sur la colline de Fourvière (forum vetus, vieux forum), avec un certain domaine agricole près de la cité : Villa Urbana , devenu par la suite Villeurbanne. Ensuite il en est descendu pour s’installer, au Moyen âge, dans le Vieux Lyon. Enfin dans la presqu’île depuis le XXe siècle avant de se développer vers l’est du Rhône.

Au cours des siècles, le passé de Lyon fut d’une richesse incroyable. Elle a été un centre majeur de la banque et de la finance européennes. Sous Charles VII elle a obtenu le privilège de tenir de grandes foires internationales. Après l’impression du premier livre, à Paris, elle est devenue un pôle européen de l’imprimerie et de l’édition. À la même époque, vers 1500, la majorité des grandes sociétés de commerce de France ont leur siège à Lyon.

Et enfin — le meilleur est toujours pour la fin : la soie. Car Lyon est sa capitale depuis la Renaissance. La mythique Route de la Soie a relié Lyon à la Chine.

Lyon est la ville des superlatifs, à tel point que, l’autre jour, la mère Cottivet, appuyée sur son inséparable balai, m’interpelle :

— Dis-donc, Julot, histoire ou pas, c’est-y pas bien beau de lentibardanner les centre-villes dans tous les sens comme ça, mais on se demande pourquoi, après avoir été la capitale des Gaules, Lyon n’est pas devenue celle de la France. Les parisiens, j’ai pas rien contre, mais qu’est-ce qu’ils ont de plus que nous, à part leur tour Eiffel et leur place Pigalle ?

Et elle est retournée en grommelant nettoyer les escayers de sa cabiotte des pentes de la Croix-Rousse. Elle n’est pas benaise (contente). Tant pis on lui pètera la miaille (fera la bise) une autre fois Elle est comme ça notre brave vieille concierge, une institution et qui tenait un édito hebdomadaire dans son journal de Guignol qui a malheureusement cessé de paraître en 1965.

Ceci était un petit aperçu du parler lyonnais, tel que Catherin Bugnard, pseudonyme de Justin Godart, un maire d’autrefois, l’a répertorié dans sa Plaisante sagesse lyonnaise.

Personnellement, j’ai enfin pu répondre à une question : pourquoi certaines rues sont-elles appelées boulevards ? Eh bien parce qu’à l’origine c’étaient des fossés ou des fortifications qui servaient à protéger les abords d’une ville. Ce mot vient du vieux néerlandais bolwerk qui signifiait digue ou rempart.

Or, le vaste boulevard de la Croix-Rousse était autrefois un fossé. Y a-t-il un vieux lyonnais pour ignorer cela ?

Si vous n’avez pas encore visité le musée Gadagne, vous savez ce qu’il vous reste à faire, surtout si votre dernière visite commence à dater car il a été entièrement modernisé, rendu accessible aux personnes handicapées et offre deux collections permanentes (Les pieds dans l’eau, Lyon se la raconte) qui vont être complétées à la mi-novembre par une autre collection permanente (Qu’est-ce que tu fabriques ?)

En outre je vous conseille un endroit parfaitement adapté pour nous aux beaux jours. C’est un jardin suspendu, une terrasse sur deux niveaux. Un endroit très intime, isolé du monde. Parfait pour relicher un bon coup ou pour faire un mâchon comme on sait si bien le faire à Lyon.

Julot

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