Une sensibilisation en Lycée Professionnel réussie

Le Lycée Jean Lurçat est situé au cœur du Musée urbain Tony Garnier dans le quartier des Etats-Unis. En avance, je prends le temps d’admirer les fresques que j’ai aperçues plusieurs fois de loin, sans vraiment les voir. Je me dis qu’il faudra que je revienne un de ces jours, d’autant plus qu’un appartement témoin des années 30 peut aussi se visiter et qu’une exposition intitulée « les jours heureux » est en cours jusqu’en juin…

Puis, je me rends à l’accueil du lycée où Nicole et Isabelle attendent déjà, bien au chaud.

https://www.museeurbaintonygarnier.com/

https://jean-lurcat.ent.auvergnerhonealpes.fr/

Ce vendredi 27 janvier, nous avons rendez-vous à 10 heures avec Chantal Janzam, enseignante de biologie de la classe de première ASSP, Bac Pro Accompagnement Soins et Services à la Personne, pour une sensibilisation de deux heures sur la surdité.

Les élèves, au nombre de 26, ont déjà été sensibilisés à d’autres handicaps dont l’autisme. Avant la fin de l’année, chacun devra réaliser un « chef d’œuvre » sur le handicap qu’il aura personnellement choisi d’étudier.

L’enseignante de biologie nous conduit jusqu’à une salle vaste et lumineuse où nous commencerons à faire une partie théorique de 30 à 40 minutes environ.

Puis le groupe se scindera en deux en vue des ateliers : un atelier lecture labiale qui aura lieu dans une autre salle et un atelier jeux de rôle qui se passera ici.

Nous sommes quatre représentantes de l’ALDSM : Nicole, Isabelle (Caniaux), Irène et moi.

C’est maintenant la fin de la récréation et les élèves arrivent. À ma grande surprise, ce sont 25 filles qui viennent s’installer, les unes après les autres, devant nous. Un seul garçon, retardataire, viendra agrandir le cercle et se fera le plus discret possible …

Bon accueil, bonne ambiance, je me sens tout de suite à l’aise devant ces jeunes filles d’origine diverses, plutôt gaies et souriantes.

Nicole commence à présenter la sensibilisation et nous invite à nous présenter brièvement, Isabelle, Irène et moi. Puis c’est la partie théorique avec les différentes surdités, leurs caractéristiques puis les problèmes engendrés et les solutions.

Une seconde enseignante nous a rejoint et demande aux élèves de prendre des notes en vue de l’évaluation qui sera faite par la suite. Tout le monde sort stylo et carnet.

Chacune de nous intervient à sa façon. Si l’une oublie un point important l’autre complète. Nous formons une bonne équipe. Mais le temps passe vite et il y a tant à dire…

Les questions ne vont pas à tarder à fuser et la théorie va vite déborder du planning prévu ! Mais ce n’est pas grave, un véritable échange a lieu et c’est l’essentiel.

Les ateliers vont se mettre en place à 11 heures passés. Nicole et Isabelle emmènent la moitié des élèves dans la seconde salle pour l’atelier « lecture labiale ».

Avec Irène, nous prenons en charge l’animation des « jeux de rôle», qui est pour toutes les deux une découverte. On enchaine les situations : la caisse du supermarché où la communication est difficile avec les masques et les bouchons d’oreille (dont les couleurs fluo plaisent et agrémentent le jeu), la salle d’attente du médecin où 2 sourds n’entendent pas leur nom, le restaurant où il faut prendre la commande et on termine par l’EHPAD où 2 pensionnaires somnolent dans le noir lorsqu’on leur apporte le repas…

Chaque scènette est entrecoupée de questions-réponses. Irène est très sollicitée : sa douceur, son vécu sensible, ses anecdotes plaisent.

Les élèves sentent peut être que ces situations seront demain le lot de leur quotidien.

Enfin, pour terminer, nous nous retrouvons tous pour un debriefing. Il nous reste 5 à 10 minutes, guère plus. Nous dépassons même l’horaire car il reste toujours des questions, des points d’interrogation en suspens.

L’une des élèves prend la parole pour nous remercier. Une belle et touchante initiative. Puis ce sont les autres qui à leur tour nous saluent et nous remercient. C’est assez chaleureux. Elles sont gaies, avec un mélange d’enfance et de maturité. C’est l’adolescence. Demain, elles seront face à des personnes fragiles, en difficulté, des enfants ou des adultes handicapés, des personnes âgées en perte d’autonomie. Elles se rappelleront peut-être de ces instants et de certains conseils…

L’échange a été presque permanent. Les questions étaient diverses et variées :

Est-ce que le fait de mal entendre fait que vous développez d’autres sens, d’autres aptitudes ?

Comment entendre un bébé qui pleure la nuit ?

Que faire quand on a des sifflements dans les oreilles ? Qui consulter ?

Est-ce que vous dormez avec vos appareils ?

Est-ce que vous pouvez écouter de la musique ?

Est ce qu’il n’est pas dangereux d’implanter un bébé ?

La question touchante : est-ce qu’il y a des jeunes comme nous dans votre association ?

Le surprenant : Est-ce que vous pouvez voyager à l’étranger ?

Et bien sûr, le sempiternel : connaissez-vous le « langage » des signes  ?

Une enseignante nous a demandé, à juste titre, si l’utilisation du mot « sourd » était blessant pour nous.

Laurence

Les réactions à chaud de l’équipe :

Alors, oui ça s’est très bien passé ! Un groupe d’élèves un peu endormis au début mais qui s’est vite réveillé et à posé pas mal de questions. Le timing n’a pas parfaitement été respecté : on a fait les questions réponses avant de se séparer en 2 groupes… mais tant pis, c’est quand même mieux quand c’est interactif. Les 2 enseignantes étaient sympa également.

Irène

Nous avons été bien accueillies. Le groupe de jeunes filles était dans l’ensemble attentif, certaines ont posé beaucoup de questions, nous ont remercié. Merci à Laurence qui sait déjà bien faire, à Isabelle et Irène qui ont très bien parlé. Nous aurions à dire pour plus longtemps, mais il fallait penser aux ateliers. J’étais avec Isabelle pour le premier atelier de lecture labiale, moitié avec labiolecture, moitié en direct. Puis je suis partie. Merci Isabelle d’avoir assuré pour le deuxième groupe. Nous formons une bonne équipe !!!

Nicole

Oui, tout s’est très bien passé. Les élèves ont bien participé et ont semblé intéressées et les professeurs très contentes et elles ont indiqué qu’elles souhaitaient renouveler l’expérience ! Effectivement, le temps a passé très vite. Beaucoup à dire. L’atelier « lecture labiale » s’est bien passé et a suscité l’intérêt. J’ai été impressionnée par l’aptitude des élèves à lire sur les lèvres…bien meilleures que moi ! L’enseignante aussi a été bluffée par les élèves ! Nicole, j’ai admiré ton aisance et cela m’a été très utile d’avoir pu assister au 1er atelier que tu as conduit. J’ai humblement essayé de prendre la suite ! D’accord avec Nicole…nous formons une bonne équipe !

Isabelle

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