Dans la dernière Puce à l’Oreille, nous avions annoncé la 8ème édition de la semaine de la santé auditive au travail, organisée par la Journée Nationale de l’Audition (JNA). Un évènement important qui atteste d’une véritable prise de conscience des risques liés au bruit.
Pour lancer cet évènement, un Webinaire s’est déroulé le 11 octobre dernier. Voici en quelques points ce que j’ai retenu et aimé !
Tout d’abord, le président des JNA, Jean Luc PUEL, a rappelé l’incidence du bruit sur la santé. En tant que source de conflits et de stress au travail, il peut provoquer troubles du sommeil, dépression, hypertension et autres troubles cardio-vasculaires et, par conséquent, augmenter la prise de médicaments. Lutter contre le bruit, c’est tout d’abord améliorer les conditions de travail et donc, avoir des salariés plus rentables pour les entreprises ! On comprend pourquoi le sujet est pris au sérieux…
Robin RÉDA, député et président du Conseil National du Bruit, nous a appris que la lutte contre le bruit au travail est l’un des grands chantiers des années à venir. Pour ma part, j’ignorais qu’il existait un Conseil National du Bruit. A suivre donc…
J’ai beaucoup aimé l’intervention de Jérôme SUEUR, auteur du livre « Histoire Naturelle du silence » aux éditions Acte Sud, qui nous a présenté sa conférence « Silences et bruits dans le vivant ».
Après nous avoir expliqué les notions de paysage visuel et paysage perceptif (qui dépend de l’être qui perçoit et aussi du lieu) ainsi que les termes de géophonie (ensemble des sons non vivants, eau, vent, pluie), biophonie (ensemble des sons produits par les êtres vivants, oiseaux par exemple) et technophonie (sons produits par la technologie créée par l’homme), Jérôme Sueur nous a parlé d’une étude menée depuis 5 ans dans le Haut Jura près des Rousses. Cette étude consiste à enregistrer les bruits de la forêt sur une longue période afin d’en analyser les données et en tirer les conclusions.
Il s’avère que cette forêt, pourtant très préservée au sol, est en train de souffrir fortement du fait d’une pollution sonore liée aux avions : durant ces enregistrements 75% des bruits enregistrés sont des bruits d’avions contre 12% seulement composés de silence.
Les chercheurs constatent que le bruit des avions perturbe les oiseaux (nidification, reproduction) et la faune en général et, chose incroyable, jusqu’aux plantes, qui dépendent des animaux pour la pollinisation et aussi parfois pour la germination.
Il est donc important de réduire notre impact sonore afin de protéger le vivant dans sa globalité et donc nous protéger nous-mêmes !
Cette intervention de Jérôme SUEUR m’a donné envie de lire son livre et de vous en parler dans une prochaine PO.
Ensuite, Romain BENDAVID nous a présenté les résultats de la vague 7 de l’enquête IFOP « baromètre bruit et santé auditive au travail » que vous pouvez retrouver sur le site JNA ici
Il faut savoir qu’un actif sur deux se dit gêné par le bruit au travail ! Ce n’est pas rien. J’ai pour ma part de très mauvais souvenirs de ces fameux bureaux en « Open space »… Et vous ?
La table ronde intitulée « du travail décent au travail durable », a été pour moi difficile à suivre du fait que les intervenants avaient la bouche masquée par leur nom, ce qui rendait la lecture labiale impossible. Par ailleurs, le sous titrage, souvent en décalage avec le son, n’était pas non plus très facile à suivre. Dommage !
Sont intervenus aussi :
Cédric AUBERT, un médecin du travail qui a fait sa thèse sur la fatigue auditive.
Il a confirmé qu’un seuil d’intensité du bruit plus faible mais sur une longue durée a des effets délétères sur l’audition, et sera à l’origine de surdités futures ou d’acouphènes. Et contrairement à ce que l’on peut penser, la presbyacousie n’est pas liée à l’âge ! résumé de la thèse ici
Christian RENARD, audioprothésiste et secrétaire général JNA, pour qui la prise en compte de la surdité professionnelle est en retard en France. Il suffit de voir les chiffres du Québec : 100 fois plus de surdités professionnelles déclarées !
La déclaration de surdité professionnelle en France est de 500 cas par an, une sous déclaration due à une méconnaissance des médecins du travail, à la peur de la RQTH et au coût élevé pour l’entreprise.
Laurent DROIN, du CIDB (Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit)
la norme AFNOR sur le bruit fait que la France est dotée d’une règlementation avancée mais malheureusement méconnue.
site pour infos juridiques ou autres : https://bruit.fr/
https://sante-auditive-autravail.org/
En bref, un webinaire qui ouvre de nombreuses pistes à explorer…
Laurence