Ce samedi 1er juin, on était au cimetière de Loyasse. Mais non, rassurez-vous, nous n’avions personne à enterrer.
Nous commençons par apprendre comment se prononce Loyasse. Normalement c’est Loa-yasse en français, mais ici à Lyon, le « normal » prend une autre tournure. Les lyonnais sont de drôles de loustics qui ne font jamais rien comme tout le monde, ce qui fait tout leur charme et c’est pourquoi on les aime tant. Alors ils disent « lo-yasse ».
Loyasse, c’est le Père Lachaise de Lyon. Les lyonnais n’allaient pas laisser passer.
Il a été créé en 1807. Ce n’est pas si vieux car il faut bien un cimetière pour enterrer les gens, sinon gare aux épidémies, peste, choléra, etc. Justement, c’est pour ça qu’on l’a créé, car avant on mettait les défunts un peu partout, selon leur rang social ou l’état de leurs pécuniaux (les sous, quoi). Exemple, autour des églises ou au fond du jardin quand on en avait un.
Alors on entre tout de suite dans le vif du sujet, on commence par les maires, à cet endroit, il y en a trois. C’est tout ? Et les autres ? On ne sait pas trop, pour les mettre ailleurs, les lyonnais ont dû se débrouiller, ils sont champions pour ça. Alors on commence par la droite et là il en a deux. Le troisième est de l’autre côté, à gauche. On le garde pour la fin, quand on aura fait le tour. Donc, Gérard Collomb, juste à l’entrée. Il est parti il y a à peine 6 mois et il a été ministre. Il a bien mérité de la république, rien à dire de plus.
Et à côté, c’est Édouard Herriot. Là, on a droit à un véritable mur sur lequel on a mis son buste. Qui ressemble à un certain autre personnage historique. Sa femme s’était demandée où le mettre, mais ne trouvait pas d’endroit à son goût, disponible et digne de son grand homme. Après avoir bien cherché, elle a avisé le coin, à droite en entrant, où il y avait une vieille cabane à outils un peu branlante. « Eureka ! J’ai trouvé, c’est là que je veux qu’on mette mon mari ! » Convaincre le maire de l’époque n’a pas dû être trop difficile. Quant à elle, elle s’est choisi une petite tombe dans un coin bien tranquille et à bonne distance de son grand homme de mari. Pourquoi ? Là, on va faire preuve de discrétion, sinon on serait obligé de soulever un pan des jupons de l’histoire. On n’est pas là pour ça.
On s’est ensuite penchés sur le plan des lieux qui est assez remarquable. Plusieurs figures géométriques se côtoient, ça vaut le coup d’œil. Il y a un carré pour les prêtres. Ils avaient droit à une tombe d’une petite surface aux dimensions rigoureusement délimitées et impossibles à dépasser. Il y a une allée circulaire tout à fait originale.
Bon, on ne va pas spoiler tout, mais nous avons comme d’habitude, appris beaucoup de choses avec Eloïse. On ne vous en dit que juste un tout petit peu pour vous mettre l’eau à la bouche….
Nous arrivons devant le plus petit caveau du cimetière, en pierre d’une blancheur éclatante, presque surnaturelle. Celui qui est enterré là a construit quantité d’églises. Il n’a même fait que ça si j’ai bien compris. Vous m’excuserez, le cas échéant, mais avec la surdité, hein ? Or, cet homme-là était libre penseur. C’est à ne pas croire ! Puis il a construit la basilique de Fourvière et a été touché par la Foi…
Puis deux autres caveaux placés côte à côte et qui se ressemblaient, sauf que l’un, plus récent, était une copie de l’autre et comportait davantage d’ornements afin de le concurrencer.
Ah ces lyonnais, se livrer à des gamineries comme ça, même dans la mort…
Nous arrivons à la sortie et nous arrêtons devant la tombe d’Antoine Gailleton (1829-1904). Médecin et chirurgien-major de l’hôpital de l’Antiquaille, il est nommé maire de Lyon par décret en 1881. La population l’élira en 1882 en un plébiscite. Il restera en place jusqu’en 1900.
Par contre, la guinguette qui nous accueillit pour nous désaltérer en conclusion de cette visite était bien contemporaine.
Et pour terminer, une citation de la Plaisante sagesse lyonnaise concernant le cimetière de Loyasse :
« Quand on te mènera à Loyasse, t’auras beau avoir ramassé tant et plus et même davantage, te n’emporteras que ce que t’auras donné. »
Jean Maurice