Le 3 février, l’ALDSM organisait une visite en visio conférence du musée d’Orsay. Laurence nous a livré ensuite un diaporama résumant cette exposition. Dans la succession de photos nous venant du passé, l’une en particulier a retenu mon attention.
Cette photo, la 8ème, représentait une rue qui ne payait pas de mine. Prise entre 1899 et 1927 (excusez pour la précision, mais la photo n’était apparemment pas datée). Il s’agit de la rue Saint Julien le Pauvre, située dans le 5ème arrondissement de Paris.
Le démon de la curiosité m’a saisi. J’ai voulu savoir si cette rue existait toujours, et comment elle était aujourd’hui. Pour cela, je n’avais nul besoin de prendre ma voiture ou d’acheter un billet de TGV pour me transporter sur place. J’avais streetview.
Voici la photo d’Eugène ATGET :
La rue semble étroite. Elle se termine sur les bords de Seine. Sur la photo d’Atget, la scène est surannée (y a-t-il encore des carrioles à cheval qui circulent dans Paris ?) On devine le sommet de l’une des tours de Notre Dame, qui est sur l’autre rive, cachée par un immeuble disparu depuis, dans l’axe de la rue.
À gauche, le long de la rue, on voit un portail. Il semble majestueux pour autant qu’on puisse en juger. Mais le photo ne lui fait pas honneur. Seulement, dans le Paris d’alors, déjà si monumental, peut-être ne dépara-t-il pas ?
Voici maintenant la vue streetview montrant la rue dans son état actuel.
Streetview nous laisse voir la cathédrale presque en son entier.
Le portail est toujours là, resté dans son état d’origine.
Décidément, ce portail m’intriguait. Alors j’ai voulu tout savoir sur lui et bien m’en a pris : il est devenu une petite porte dérobée par laquelle j’ai accédé à la grande histoire.
Le voici en majesté. Il s’agit du portail d’entrée de l’hôtel de Laffemas. Du nom de son premier occupant, Isaac de Laffemas (1587 ? -1657) .
Poète, auteur dramatique, on lui doit plusieurs mazarinades tandis que son père, contrôleur général du commerce, s’occupait des problèmes de la réglementation des manufactures et du développement de la sériciculture. Tiens tiens, nos soyeux lyonnais n’auraient-ils pas eu affaire à lui ? Une nouvelle visite à l’exposition des Archives départementales de Lyon pour vérifier ce fait pourrait s’imposer…
La vie et la carrière, assez fournies l’une et l’autre, de Monsieur de Laffemas, prirent différentes directions. À la faveur d’un service que lui rendit le cardinal, sa route croise celle de Richelieu. Qui l’utilisa lors de missions pas toujours très… orthodoxes. De celles qu’impose la raison d’état et qui sont de toutes les époques. Il devint donc, dans ces circonstances, une des créatures du cardinal. A-t-on le droit de dire : une de ses âmes damnées ? En tout cas l’histoire en est pleine.
Page wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_de_Laffemas
Panneau « Histoire de Paris » apposé devant l’hôtel de Laffemas :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Panneau_Histoire_de_Paris#/media/Fichier:Panneau_Hotel_de_Laffemas.jpg
Jean-Maurice